Chères spectatrices, chers spectateurs,

Afin de vous faire connaître les coulisses de « Sherlock Holmes et le mystère de la vallée de Boscombe », nous vous invitons à découvrir l’auteur, metteur en scène et interprète du spectacle: Christophe Delort.

 

Bonjour Christophe Delort, est-ce que tu peux te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à faire du théâtre ?

 

Je suis auteur, metteur en scène, producteur et comédien. Je suis arrivé dans le théâtre de manière un peu hasardeuse. J’ai toujours eu envie de faire humoriste quand j’étais petit, mais je viens d’une famille où tout monde est pompier (à Avignon). Du coup, j’ai fait pompier volontaire, j’ai passé le concours que j’ai réussi et j’aurais pu être pompier dès mes 18 ans ! C’était une belle réussite dans la famille. J’ai fait ensuite des études pour être officier et je me suis rendu compte que je n’étais pas du tout fait pour ça… Ce n’était pas mon univers, le côté un peu militaire faisait que ma créativité n’était pas du tout exploitée. J’avais envie d’écrire, mais je ne savais rien et je n’avais jamais pris de cours de théâtre.

Donc, j’ai commencé grâce à un stage d’improvisation théâtrale pendant des vacances lorsque j’avais 21 ou 22 ans. Là, je réalise le potentiel de l’impro. On peut faire un ours et directement après, un colonel mexicain… Il n’y a pas de limite ! C’est court, c’est vif et il n’y a pas de texte à apprendre. Du coup, je me mets à faire de l’impro à Paris et je décide de vivre de mon art, au grand dam de ma famille… Finalement, après 1 an de pratique, je deviens prof d’impro. Au bout de 3 mois, j’avais écrit un petit one-man show et je me suis mis à le jouer dans une salle de 50 places, avec une recette au chapeau. J’ai eu de la chance que ça marche super bien. J’étais extrêmement surpris parce que je n’ai pas du tout de technique de théâtre, de diction ou d’écriture. J’aime apprendre de manière autodidactique en observant les autres et en m’en inspirant.

Après plusieurs années d’humour, de one-man show et d’improvisation, j’obtiens finalement le statut d’intermittent du spectacle. En France, c’est hyper important d’avoir cette sécurité-là. Finalement, je me suis mis à écrire pour la télévision, des formats courts. « Nos chers voisins » sur TF1, entre autres. Cette expérience a été un grand défi, parce que je travaillais sur 2 séries en même temps et je devais écrire 10 sketchs par semaine ! Alors que tous mes collègues étaient des écrivains qui avaient fait des écoles d’écriture, moi je suis arrivé avec mon petit vent frais de l’improvisation, j’essayais des trucs et je cassais un peu les codes. Avant « Sherlock Holmes », je n’avais pas encore fait de véritable théâtre.

Comment est-ce que démarre l’aventure « Sherlock Holmes » ?

En 2013, il y a eu les attentats à Nice notamment et à Charlie Hebdo. Ces événements ont vidé les salles de spectacle… Je me souviens, je jouais en Corse, il y a eu ces événements, je reviens à Paris et là, il n’y a plus personne. Je me suis dit que c’était le moment de tourner la page, et complètement par hasard, en lisant des Sherlock Holmes, je tombe sur la nouvelle « Le mystère de la vallée de Boscombe » et je me suis dit qu’il fallait l’adapter au théâtre.

Très vite, j’ai l’opportunité de monter le spectacle dans une petite salle avec 3 bouts de ficelle. J’ai la chance que le costumier ait un costume de Sherlock et je me lance dans l’aventure avec 3 comédiens. À ce moment-là de l’histoire, je ne joue pas, je suis juste metteur en scène. Grosse surprise, c’est un succès exponentiel ! Nous jouons 9 dates dans un théâtre de 100 places, puis on nous propose de jouer au Théâtre du Gymnase à Paris dans une salle de 800 places. Nous étions le petit spectacle à 19h, juste avant la grosse production qui arrivait après avec d’énormes décors. Le directeur du théâtre pensait que nous allions rester une semaine, finalement nous sommes restés 1 an ! Juste après, nous sommes allés au Théâtre du Splendide, puis au festival d’Avignon où le spectacle était complet déjà 5 jours avant le début ! Le comédien qui jouait Sherlock à l’époque a dû partir aux États-Unis, du coup j’ai dû reprendre le rôle. Et c’est en reprenant ce rôle moi-même que je me suis mis à tirer le spectacle vers l’humour et l’impro, pour en faire un mélange entre suspens et comédie !

Maintenant, le spectacle est devenu une grosse machine. Nous avons joué ce spectacle plus de 1000 fois depuis 5 ans ! Nous sommes même allés jouer à Tahiti… Nous avons joué à la Réunion, nous avons fait le tour de la France dans des petits et des grands théâtres. Nous avons véritablement changé de galaxie. Malgré tout, nous essayons vraiment de garder ce côté authentique et populaire avec peu de décors pour retranscrire tous les lieux de l’enquête. Nous essayons vraiment de ne pas dénaturer la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle tout en donnant une image jeune de Sherlock, sans tomber dans les clichés. L’objectif est de rendre l’histoire fraîche tout en proposant une comédie policière.

Comment définirais-tu le spectacle ?

Notre spectacle n’est ni classique, ni contemporain. Nous faisons du théâtre populaire de comédie avec une démarche intellectuelle. Nous voulons que les gens réfléchissent pour trouver le coupable tout en se faisant happer par l’humour ! Nous interagissons beaucoup avec le public sans le mettre en danger. À nouveau, cette volonté de rendre le spectacle participatif vient beaucoup de l’impro et du one-man show. Pour nous, c’est primordial d’intégrer les gens : Nous avons vraiment envie que le public se creuse la tête pour trouver avec nous qui est le meurtrier. Forcément, quelqu’un va se tromper et forcément nous allons rire. Tout cela, toujours dans une ambiance bienveillante et ultra intergénérationnelle. C’est vraiment la force du spectacle. Les critiques disent souvent « ça plaira à tout le monde, de l’enfant de 7 ans, à la mamie qui est venue avec les petits en passant par le couple sans enfants » et tout ça, sans humour en dessous de la ceinture.


Vous avez tourné ce spectacle pendant 5 ans et vous avez joué plus de 1000 représentations. Comment faites-vous pour garder la fraîcheur du spectacle ?

Nous nous apprécions beaucoup sur scène et hors de scène. Chaque soir, nous utilisons un peu d’impro pour toujours essayer de nous surprendre. Par exemple, l’autre soir, Karim Wallet qui joue Watson, me fait une mimique à la « De Niro » qui n’est pas prévue et qui m’a beaucoup fait rire ! Du coup, nous prenons autant de plaisir à jouer le spectacle que les spectateurs à le voir. Ce sont vraiment les super retours des spectateurs qui nous motivent à présenter ce spectacle. Par exemple, certaines personnes quand elles sortent de la salle me disent : « c’est la première fois que je viens au théâtre et je ne savais pas que le théâtre était aussi cool ! ». À l’école, nous avons tendance à donner une image très classique, très costumée du théâtre avec Molière comme référence. Le théâtre peut avoir un petit côté élitiste. Nous proposons du vrai théâtre, mais en plus cool. C’est sûrement aussi parce que je ne viens pas du tout du monde du théâtre. Et en même temps, les « théâtreux » qui sont venus nous voir apprécient particulièrement le spectacle aussi parce que, effectivement, je casse un peu les codes. Quand je dis « je », ce n’est pas que moi, mais c’est une équipe, chaque comédien a une liberté d’improvisation et chaque plantage de texte ou chaque erreur technique créée des opportunités de création. Du coup, nous améliorons perpétuellement le spectacle ! Finalement, nous jouons maintenant en Suisse, donc nous incluons quelques actualités ou des expressions d’ici pour les intégrer au spectacle. Chaque représentation a sa petite touche unique d’originalité.


Finalement, pourquoi est-ce qu’il est primordial de venir voir ce spectacle ?

Parce que c’est un spectacle familial ! Sherlock Holmes est un personnage qui parle à tout le monde. Je pense que le public n’a jamais vu ça : un spectacle avec à la fois une enquête, de l’humour, de l’interaction, des moments de vrai théâtre et plein de surprises. Qui que vous soyez et peu importe avec qui vous venez, vous passerez un bon moment ! Venez parce que c’est tellement court… Nous sommes en Suisse que quelques jours. C’est maintenant ou jamais !