Le King, sinon rien !
« Nous avons affaire à des Dalton, rigole Catherine Marchal, metteuse en scène d’Elvis et moi. Ils ont tous des tailles différentes. Ce sont de pauvres sosies de supermarché qui font avec ce qu’ils ont. » Serge Da Silva, auteur de la pièce, précise : « Il n’y en a aucun qui ressemble à Elvis, même de loin. Être un sosie maladif, cacher sa propre personnalité derrière une star, a quelque chose de dramatique. Et Elvis a les plus mauvais sosies du monde. »
Mais attention ! Les trois comédiens, incomparables physiquement à l’indétrônable idole, qui « vend plus aujourd’hui que de son vivant », reprennent ses mélodies à la perfection. « Bien qu’ils soient ringards, ils possèdent une voix, souligne Catherine Marchal. Le déhanché a aussi son importance. Mais ça c’est une surprise…»
L’amour fou
Serge Da Silva s’est attelé à un sujet qu’il maîtrise de longue date. Le comédien connaît tous les albums du crooner américain, a vu tous les films et téléfilms qui l’entourent, lu les ouvrages qui lui sont consacrés. « Mon père m’a offert une de ses cassettes lorsque j’avais 7 ans. Elvis a été mon premier choc musical. A l’époque, j’écoutais Chantal Goya. Je suis passé de l’une à l’autre sans aucune transition. Je n’écoute plus Chantal Goya, mais Elvis ne m’a plus quitté depuis. »
Catherine Marchal a quant à elle découvert le rocker à 15 ans, alors que ses amis ne juraient que par la variété. « J’étais rockabilly. J’achetais mes fringues des années 50 aux puces. » Son style vestimentaire s’est assagi, mais pas sa passion pour l’interprète de Love me tender. Même la directrice du TMR, Khany Hamdaoui, est intarissable sur le King. « Il représente l’adolescence de ma mère. Et je suis née le 8 janvier, comme lui. Quand Serge m’a proposé le sujet, j’ai tout de suite dit oui ! »
Qu’a-t-il donc de plus que les autres, Elvis Presley ? « La magie, une sorte de magnétisme hors du commun, tels Marilyn Monroe et Johnny Hallyday, estime la metteuse en scène. Cela ne s’apprend pas, cela ne se travaille pas, on l’a en soi. Le mythe s’est aussi formé parce qu’il est mort à 42 ans. Il restera jeune à jamais. C’était également une victime, un produit très rentable aux Etats-Unis. Il s’est fait manipuler et abîmer par tout cela. »
De son côté, l’auteur de la pièce ne sait pas l’expliquer. « L’écouter, c’est quelque chose qui bouleverse, désarçonne, un coup de foudre assuré. Il est né avec ça. C’est le seul, l’unique, pour encore des siècles et des siècles. Je pense qu’il restera dans la musique aussi longtemps que Mozart ou Beethoven. »
Riviera Chablais Hebdo | N°128 Du 1er au 7 novembre 2023 – Virginie Jobé-Truffer
