Les joies de devenir papa!

« N’imaginez pas venir à une séance de psy où je parle de la création de mon enfant en me déchargeant des choses que j’ai à dire », tient à préciser le metteur en scène d’Apples. Écrit avec sa compagne comédienne Florence Annoni dès le début de sa grossesse, « lors de séances hebdomadaires, elle me racontait ses aventures de femme enceinte et je prenais des notes », son seul en scène Poussette! parle d’abord de sa difficulté à trouver sa place quand l’enfant s’est invité.

Avec l’humour, Simon Romang revient sur les détails d’un quotidien chamboulé. Les conseils de l’entourage, « Attention avec ça! Attention! Attention! », sur le fait que « a chose la plus importante de sa vie se trouve dans le corps de l’autre », les vomissements de son aimée, les remarques de la famille, le flegme de l’anesthésiste, etc. Et surtout, les « 52 heures » d’accouchement de sa moitié, véridiques, mais aussi romancées pour le spectacle. 
« J’ai beaucoup encouragé Florence, mais c’est en écrivant que je me suis rendu compte que je l’ai fait à la manière d’un entraîneur de l’OM, ce qui est devenu ensuite une blague. Sans l’écriture, la narration, la personne qui a l’existence la plus passionnante de l’histoire de l’humanité, même Christophe Colomb, aurait une vie, soyons clairs, nulle. »

Autobiographique, mais documenté  

Si le comédien explique avec brio son ressenti dans la salle d’accouchement, « c’est très difficile de s’intégrer en tant que père, parce qu’à la fois, c’est important qu’on soit là et à la fois, on ne sert à rien », il a aussi profité du savoir de Sarah Duflot, thérapeute de couple, passionnée par tout ce qui touche à la naissance, pour approfondir ses connaissances. Le Vaudois a ainsi appris qu’on n’interrompt pas le processus naturel de l’accouchement. « Si on se met à parler chiffres ou autres en plein travail, cela donne de l’adrénaline au cerveau de la femme et cela a tendance à resserrer le col de l’utérus. Donc en diffusant constamment des informations concrètes, on contrarie le processus naturel. Il faut le savoir… » 
La tournée en Suisse romande de son one-man-show, débutée au printemps 2022, attire autant les spectateurs que les spectatrices, qui se retrouvent dans le récit de ces instants cruciaux. « C’est un monstre sujet sociétal dont on parle peu. Certains y voient l’origine du patriarcat. Après le spectacle, des femmes sont venues me parler de l’homme qui est dépossédé de ses pouvoirs dans ces moments-là. Si on y réfléchit, c’est quoi le super-pouvoir de l’homme face à cet événement interplanétaire ? Ben, on joue au foot… Il y a largement de quoi nourrir un complexe d’infériorité.  »

Riviera Chablais | Virginie Jobé-Truffer