Elvis en très bonne compagnie

Création
Montée au Théâtre Montreux Riviera, «Elvis et moi», comédie douce-amère, met en scène trois sosie du «King» mais aussi le théâtre des apparences.
– Critique par Florence Millioud – 

Si le «King» prend de la place dans l’histoire de la musique, imaginez trois des sosies sur la petite scène du Théâtre Montreux Riviera (TMR)! Sûr qu’il va y avoir du rock, des ego et des biscotos qui se mesurent. D’autant que les messieurs ne sont de loin pas de jeunes premiers.

Didier cuirasse la méthode Coué dans sa peau de vachette, Julien s’oublie dans son habit du temps des lumières d’Hawaï et Franck se fane aussi vite que son costume d’ex-bête de scène. Mais en prenant un peu de la toujours très brillante lumière de leur idole, ces intermittents essaient de forcer leur destin de clowns tristes courant le cachet.

Sur une idée originale de l’auteur et comédien Serge Da Silva – on s’en doute, fan d’Elvis et de guitare -, ils se rencontrent dans l’antichambre d’un énième casting, réunis pour le pire et le meilleur des relations humaines. Dès les premières minutes d’«Elvis et moi», créé jusqu’au 19 novembre au T;R, on comprend que malgré la donne de départ, le comique est, ici, un trait d’esprit plus qu’un filon facile et sans fond. Mordant, le texte pose les mots justes sur le culte de l’image et l’envers de ce paraître, naviguant entre les douleurs intimes et l’espoir d’être vu.

Alors… on rit avec quelques excellentes trouvailles mais on rit le plus souvent amer, touché par ces âmes cabossées. Que ce soit d’une question restée sans réponse depuis la naissance, des relations de couple compliquées ou d’une existence terriblement terne.

Être ou ne pas être

Le soir de la première, le trio de comédiens (Serge Da Silva, Nicolas Biaud-Mauduit, Yann Papin) démontrait déjà une belle envie d’incarner cette difficulté d’être, mais aussi d’être artiste, laissant entrevoir une future montée en puissance. Alors que Caroline Frossard donnait déjà le maximum en assumant quatre rôles à elle seule ! Autant dire qu’avec ces quatre perforateurs Elvis est en très bonne compagnie au TMR.

24 heures | jeudi 9 novembre 2023 – Florence Millioud